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  • Photo du rédacteuralvaroechanove

Des ressources pour boire à la source...

L'une des qualités distinctives qui font la noblesse et la profondeur du Flamenco réside dans le fait que, dans cet art, l'ancien se perpétue en permanence dans le nouveau. Voici un petit guide pour boire aux bonnes sources - et s'abreuver -, à l'intention de l'aficionado du XXIème siècle connecté.


(S'il y a des mots ou des expressions que vous ne comprenez pas, n'hésitez pas à consulter notre Glossaire Flamenco.)


Voici comment le journaliste et "DJ Flamenco" José Manuel Gómez Gufi décrit un récital de Esperanza Fernandez et Miguel Angel Cortés qui a lieu en 2018 au Café Berlin (Madrid) : "José Manuel joue mieux et, je dirais, plus rebelle que jamais et toujours à sa place. Autrement dit, il joue tellement... traditionnel qu'il n'arrête jamais d'inventer. Et Esperanza est au même endroit, son chant est tellement enraciné dans les ancêtres qu'elle n'arrête pas de réinventer."


On retrouve les mélodies primitives du Romance dans les Bulerias les plus modernes ; le toucher distingué et abstrait de Diego del Morao n'aurait pas de consistance s'il ne faisait pas écho aux mélodies savoureuses que son père Moraito jouait, tandis que ce dernier était déjà le fidèle transmetteur (et modernisateur) des falsetas sauvages de son oncle Manuel Morao ; si le chant rance du jeune Alonso "El Purili" met son auditoire en extase, ce n'est pas par nostalgie d'un passé révolu, mais bien parce qu'il y a quelque chose d'envoûtant dans le fait d'écouter des mélodies centenaires entonnées par une voix qui n'a pas vingt ans.


On l'aura compris : il est important d'aller boire à la source si l'on veut saisir ce qu'il y a - encore aujourd'hui - de plus savoureux dans le Flamenco. Or pour retrouver ces sonorités, il est indispensable d'écouter les premiers génies, d'aller chercher les récurrences qui se retrouvent au fil des générations, de surmonter la qualité médiocre des vieux enregistrements pour y déceler des expressivités et des talents qui ont marqué cet art de manière indélébile.


Or la technologie moderne nous offre de nombreux outils pour nous lancer dans cette aventure. Il est maintenant possible, en quelques clics, d'écouter des voix qui, à une autre époque, étaient complètement hors de portée pour celle ou celui qui vivait loin de la péninsule ibérique. Le revers de la médaille, cependant, c'est que la toile regorge d'informations - plus ou moins fondées - ainsi que d'innombrables enregistrements et vidéos parmi lesquels il est parfois difficile de faire le tri pour aller à l'essentiel. Pour aller au "vieux baril de solera" en quelque sorte.


Voici donc quelques sources fiables, bien documentées et soucieuses de véhiculer une image fidèle du Flamenco, c'est-à-dire d'un art complexe, riche, aux racines profondes et métissées.


Règle numéro 1 de l'aficionado : écouter ('ecuchá'). Cette radio propose une programmation de qualité, ancienne et nouvelle, en continu.


Un programme animé par l'écrivain et poète José Maria Velázquez-Gaztelu, célèbre pour avoir co-écrit et mené les entrevues pour la série documentaire Rito y Geografia del Flamenco (évoqué ci-après). Il consacre chacune de ses émissions à un thème précis : un cantaor, un guitariste, une localité andalouse, un palo, un nouveau disque, une entrevue...


Le site du "geek flamenco" par excellence, avec un bon répertoire de Soleares et de Seguiriyas, de nombreuses ressources pour les guitaristes et même une analyse des "sons noirs" dans le chant de Manuel Torre. Un délice. En castillan ET en anglais.


Pour se plonger dans n'importe quel palo, de la Solea à la Guajira en passant par la Trilla, le flamencologue Faustino Nuñez a créé une page (en castillan) très complète et très bien documentée, avec de nombreux extraits audio et des images à l'appui.

Remarque : les prises de position historiographiques de M. Nuñez sont parfois débattues (notamment au sujet de la place prépondérante qu'il donne au continent Américain dans l'histoire du Flamenco). Le débat sur les origines est une sempiternelle lutte. Cependant, qu'à cela ne tienne : sur le plan musicologique, cette page est un trésor.


Un autre site pédagogique, créé par une bande de gentils flamencos qui voulaient partager leur savoir avec le reste de l'humanité. Il contient des vidéos très instructives pour la construction d'une danse, l'accompagnement du chant à la guitare, et surtout la plus vaste banque de letras du web (à notre connaissance) avec un outil de recherche par mot-clef.


Un site web pédagogique qui n'est plus mis à jour mais dont la section "géographie" est utile pour comprendre les différents lieux du Flamenco et les différentes couleurs qui s'y rattachent.


  • La série documentaire Rito y Geografia del Flamenco

Cette série très célèbre, de cent épisodes diffusés entre 1971 et 1973, n'apporte pas nécessairement de réponses à toutes les questions mais elle constitue une banque d'images et d'enregistrements d'une valeur inestimable. Elle fait le pont entre les vieilles générations (Pepe de la Matrona, Agujetas El Viejo, Tio Borrico...) et les nouvelles (Camarón, Paco de Lucia...). À sa manière, on peut dire que cette série à contribué à forger une grande partie des mythes et des partis-pris esthétiques sur lesquels s'appuie encore aujourd'hui le Flamenco. (...Et elle est trouvable dans sa quasi-intégralité sur Youtube!)


Traditionaliste, élitiste et contemporaine. Un équivalent 2.0 du "mairenisme" des années 1960-70.


Grâce à la maison de disques française Auvidis Ethnic, de nombreux enregistrements de qualité ont été effectués dans le dernier tiers du XXème siècle, iimmortalisant un répertoire exquis : Tomasa La Macanita, Carmen Linares, Fernando de la Morena, Camarón et Tomatito en concert, Juan Moneo El Torta, Moraito Chico...


  • Les vidéos du Festival Internacional del Cante de las Minas

Pour écouter les chants et regarder les danses dans leurs formes orthodoxes, au plus au niveau de qualité et de dévouement, année après année... La bonne nouvelle : les vidéos des finalistes sont faciles à trouver sur Youtube.


  • Les anthologies orthodoxes

Écouter les dix volumes de la Magna Antologia del Cante Flamenco, dirigée par "le pape du flamenco" Antonio Mairena, c'est un peu comme lire Shakespeare si l'on s'intéresse à la littérature anglaise : c'est génial, c'est lourd, et c'est incontournable. Dans le même style, mais en plus condensé, il y a la belle Antologia del Cante Flamenco de la maison de disques Hispavox, avec le génial Perico el del Lunar à la guitare.


  • Les artistes de référence

Si l'on s'ennuie chez soi, un jour de pluie, et que l'on recherche une expérience à la fois enrichissante et émouvante, rien de mieux que d'écouter chacun de ces monstres au sommet de leur art : Tomas Pavón (Buleria por solea, Martinete), Pastora Pavon (Tientos, Tangos, Farruca, Soleares), Manuel Torre (Seguiriya, Taranto, Buleria por solea), Antonio Chacón (Malagueñas, Granaina, Cartagenera), Pepe de la Matrona (Liviana, Serrana), Juan Talega (Solea), Terremoto de Jerez (Bulerias, Bulerias por Solea), Antonio Mairena (tous les palos), Aurelio Sellés (Tientos, Alegrias), Manuel Vallejo (Seguiriya, Granaina), Rafael Romero (Caña, Rondeña, Garrotín, Alboreá), Manuel Agujetas (Martinete, Buleria por Solea, Seguiriya) et les rares enregistrements de son père Agujetas el Viejo, Carmen Linares (tous les palos), La Perla de Cádiz (Alegrias, Tangos, Bulerías), Pepe Marchena (Guajira, Fandangos), Juanito Valderrama (Malagueñas)... et bien d'autres encore!


  • Aller en Andalousie

Comme disait le Pape Mairena, pour sonner flamenco, il faut qu'on entende les paysages dans la musique. Le plus important, c'est donc d'aller fouler cette terre ; sentir l'odeur des orangers en fleurs au printemps ; vivre la chaleur écrasante et l'aridité, les nuits tièdes et les palmas à l'aube...


Mais évidemment, ce n'est pas donné à tout le monde... Alors en attendant, il y a internet ! Allez : clic, clic !



N'hésitez pas à partager cet article avec vos amis aficionados dans le monde ! Et jetez un coup d'oeil à ma page web pour en savoir plus sur mes concerts et les cours que je dispense !


Alvaro Echanove    2020
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Photos by Sebastian Ormachea and Sandra Boulanger

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